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des fleurs, des motifs décoratifs faits de nuit et de ténèbres, c’est-à-dire d’ombre, de noir.

Deux faits m’ont conduit à formuler ce raisonnement étrange, et, si voulez bien le permettre, je vais vous les exposer.

— Mais comment donc !

— Le premier fut pour moi une révélation subite, je veux parler des fontaines lumineuses qui remontent déjà, comme vous savez, à 1889, à la grande Exposition, du moins à Paris.

Là, j’observais ce phénomène étrange et vraiment merveilleux que chaque gouttelette d’eau, pendant un temps appréciable, emmagasinait et retenait captive la lumière, même en retombant. Ce fut pour moi le trait de lumière et je me dis : puisque l’eau est capable d’emmagasiner ainsi la lumière, il faut que je trouve un autre corps pour retenir et emmagasiner de même la nuit, les ténèbres en plein jour et le problème de mon feu d’artifice, fait de ténèbres en plein midi est résolu :

Oui, mais où, mais comment trouver ce corps, ce gaz, ce liquide ? S’il formait un corps solide, il serait éclairé lui-même à la surface et mon but n’était pas atteint, tandis que je rêvais d’un immense bouquet de fleurs de ténèbres en plein midi dans le ciel, très noires, se détachant vigoureusement dans l’atmosphère et cependant comme diaphanes, donnant bien l’impression et la sensation d’un bouquet de vide… Le vide, j’avais trouvé, et ce sont vos propres travaux sur l’électricité ne se changeant en lumière et en chaleur que dans l’ambiance de notre atmosphère qui furent pour moi le second trait de lumière…