— Vous êtes bien aimable. Alors, vous avez trouvé ?
— Théoriquement, oui ; du moment que la lumière ne se manifeste que dans notre atmosphère, il me suffit de trouver le moyen de faire le vide pour tous mes bouquets, soleils, fusées, pièces montées, etc… et alors j’ai bien véritablement mon feu d’artifice de ténèbres en plein midi. Ce sera tout à fait épatant !…
Et poursuivant la vision entrevue et caressée depuis tant d’années dans l’espace, les yeux fixes, mon pauvre inventeur était vraiment transfiguré. Je fus saisi à la fois d’admiration et de terreur devant cette puissance de l’idée, alors même qu’elle paraît extravagante aux autres hommes et j’eus comme un remords et comme un grand déchirement au cœur, en pensant que mes propres recherches sur l’électricité, comme agent unique de l’univers, avaient pu être la cause déterminante de ses propres expériences.
Mais tout à coup, sortant de l’extase où il était plongé depuis quelques instants, il se laissa tomber lourdement dans un fauteuil-crapaud, anéanti, brisé ; le visage convulsé exprimait la plus horrible souffrance et, d’une voix rauque et sourde, il s’écria, en donnant un coup de poing formidable sur la table :
— Oui, certes, je la tiens, je la vois, la découverte unique au monde, mais comment faire pour enfermer le vide comme la goutte d’eau renferme la lumière ? Oui, dans quoi, comment enfermer, capter ce vide, le rendre obscur en l’isolant du milieu ambiant qui transforme l’électricité en lumière ; vous