masse énorme de dynamite, d’explosifs à quarante kilomètres ?
— Dix mille kilogrammes, si vous voulez.
— Mais quelle longueur a donc votre canon ?
— Depuis cinq cents mètres jusqu’à douze kilomètres, ça dépend.
Et comme je faisais un haut-le-corps, le regardant d’un air ahuri, il déposa lentement son cigare dans un petit cendrier japonais, en étendant la main sur la table :
— Je ne suis pas fou, veuillez m’écouter, vous allez me comprendre.
Je viens cependant de vous indiquer qu’il me fallait trouver le moyen de vaincre toutes les difficultés de force, de résistance, d’expansion des gaz, etc.
Eh bien, mon canon, je le construis dans les Pyrénées, dans les Alpes, sur les hauteurs d’Ingouville pour défendre le Havre. Je fais d’abord un long tunnel, sous la montagne, braqué sur la frontière ou sur la mer, je le revêts d’une triple couche de mortier et de meulière, revêtue elle-même de forts cercles d’acier fondu et à l’intérieur je place une série de cercles énormes, épais, rivés ensemble et brasés également en acier fondu. C’est mon canon et sa force de résistance est telle que je puis y mettre la charge que je veux, il ne peut plus éclater où la montagne sauterait avec lui…
— Je commence à comprendre, mais comment faites-vous pour lancer le boulet ?
— Pardon, je n’ai plus de boulet, mais un petit chariot qui suit et épouse intimement le tube rayé,