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aurait pu dans ce boulet central, bien vissé, envoyer un message aux habitants de la lune — s’il y en a — et provoquer ainsi une réponse par le même moyen, d’autant plus que du côté de la lune la résistance à l’attraction lunaire aurait était six fois moins grande à vaincre et il avait fait tous les calculs pour savoir comment le boulet lunaire pourrait nous revenir.

Il vivait, le pauvre homme, dans son rêve étoilé, dans un rêve qui avait rempli sa vie et comme il m’avait raconté tout cela pendant des heures, à moi qui avait dans les dix ans alors, il aimait beaucoup M. Baul Vipère et je l’écoutais avec une douce et tendre compassion qui ne manquait pas de charmer ma jeune imagination.

Au fait, était-ce si insensé que celà ? Dernièrement, un savant anglais trouvait bien que la terre pèse 120 mille trillions de quintaux, qu’il faudrait une machine à vapeur de 10 000 chevaux, actionnée pendant 70 milliards d’années, qui consommerait 80 000 billions de quintaux de charbon qui nécessiteraient 200 billions de wagons pour le transport.

C’est certainement assimilable au songe aussi ridicule qu’amusant de ce pauvre curé de campagne qui rêvait d’établir un service postal entre la terre et la lune à l’aide de boulets de canon.

Et, à propos de poste, il recevait une revue d’astronomie et pendant deux ou trois mois de suite, la poste, se trompant, l’envoyait à mon père qui recevait beaucoup de journaux, et je dois faire amende honorable de mon espièglerie, j’avais mis de côté tous les numéros, et l’année suivante, à jours fixes, avec un timbre neuf collé sur l’ancien, je lui envoyais