Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 298 —

— Mais diront les ennemis de tout progrès, on va devenir anémique, en habitant ainsi au dessous du rez-de-chaussée.

À cela il est facile de répondre : 1° que ces étages seront toujours inondés de lumière, grâce à une abondante distribution d’électricité et qu’enfin il y a tant de travailleurs, de gens occupés, dans une grande ville comme Paris ou Londres, qui ne sont chez eux que pour dormir, que ça ne les changera pas beaucoup.

— Mais le dimanche ?

— Eh bien le dimanche, ils iront se promener et justement ceux qui resteront à la maison pour se reposer jouiront d’une tranquillité parfaite.

Maintenant il est évident qu’il faut toujours être de bonne foi et moi, je suis pour dire la vérité. Ceux qui habiteront à 5 ou 6 et même 7 étages sous terre feront bien de sortir quelquefois, car j’ai connu à Londres un original, ancien négociant en vins de Champagne, retiré des affaires, qui avait tenu à conserver son magasin dans la Cité, près de Pater Street, vous voyez ça d’ici et qui en avait fait son appartement.

Il était seulement à deux étages sous terre, mais il est juste d’ajouter qu’il ne sortait jamais. Eh bien, au bout de six mois, comme il s’éclairait mal, peu ou prou, sa superbe chevelure d’un roux ardent et sa magnifique barbe flavescente, sous le coup inévitable de la décoloration et de l’anémie, étaient devenues comme de la barbe de capucin, vous savez, cette salade que l’on fait pousser dans des tonneaux, au fond des caves !