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vingtième siècle commençait le 1er  janvier, à minuit, le dix-neuvième expirant au 31 décembre 1899, et non pas du tout le 1er  janvier 1901, comme le prétendent un tas de crétins poseurs, sans savoir pourquoi.

Après m’avoir lu il s’écria :

— Mais c’est évident ce que tu dis là.

— C’est évident… évidemment, n’empêche qu’il faut bien l’écrire pour le démontrer à une masse de gens qui nient la lumière du jour.

Et il me quitta rêveur ; le lendemain il vint me voir en sortant de l’Institut, où il avait entendu une longue et assommante dissertation, mal lue, avec un fort accent allemand ou alsacien sur les aberrations de la notion du temps, au moyen-âge, dans la cervelle des moines qui se figuraient pouvoir en arrêter la marche par des sortilèges et des incantations… il était tellement rêveur que son état commençait à m inquiéter.

Je cherchais à réagir et il me dit lui-même :

— Heureusement que l’on n’est pas si bête aujourd’hui.

— Qui sait !

Et je vis que cette exclamation si naturelle de ma part lui avait fait mal, je lui offris un quart de Londrès — mes moyens ne me permettant pas de lui en offrir un demi — et il sortit en me disant qu’il comptait passer son après-midi du lendemain au Théâtre-Français à la représentation du malade imaginaire ou la joie des médecins, pièce bien connue du répertoire.

Le surlendemain, qui était un lundi, il entra chez moi en coup de vent et me dit :