Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 371 —

commerce monotone et stérile de leur chat et de leur perroquet !

— Le tableau est fidèle.

— N’est-ce pas ? Et cependant ces jeunes filles avaient des trésors de bonté, de dévoûment et d’amour au fond du cœur. Mais tout cela devait rester en friche comme un champ où la charrue féconde n’a jamais passé, qui n’a jamais été arrosé par la rosée bienfaisante du matin.

— Oh ! tais-toi, ou je vais pleurer, je sens que je commence à m’attendrir.

— Blague toujours… mais suis bien ma démonstration, je vais avoir terminé. Or, pendant que ces pauvres filles sont montées en graines, pendant que ces tristes fleurs dessèchent sur pieds, il y a, de par le monde, des milliers d’aveugles qui ne connaîtront jamais les joies de la famille, parce qu’ils ne trouvent pas à se marier, parce qu’aucune mère ne veut leur confier leur fille.

Et cependant combien souffrent leur cœur, aussi à ceux-là, à ces pauvres déshérités de la nature, trompés, avec défense d’y voir, comme de simples pachydermes.

Toutes les fois que j’assiste, dans une église, à un mariage en musique et que j’entends l’orgue exécuter pendant la messe, tout un poème sublime d’amour et de désespoir, pour quiconque sait comprendre la musique, je ne me trompe pas, c’est qu’il est tenu par un organiste célibataire… et aveugle !

— Tu es un fou.

-— Non, mon cher, j’observe et je comprends et