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Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/46

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je fus surpris par un orage terrible en pleine forêt encore vierge, malgré son âge avancé.

J’allais être trempé comme plusieurs soupes, moi et ma fidèle escorte, lorsque nous découvrîmes une anfractuosité de rocher qui donnait accès dans une véritable grotte.

Après l’avoir explorée avec circonspection et plusieurs lanternes, nous commençâmes par faire un grand feu devant l’ouverture et nous nous chauffâmes avec volupté, tout en fumant une pipe.

À peine étions-nous ainsi en repos depuis un quart d’heure que deux perroquets verts, au ventre rose, gras, superbes, comme des petits kakatoès, vinrent se planter sur des branches tout près de nous et se mirent à pousser deux au trois petits cris amicaux : hum ! hum ! comme pour dire : nous voilà, bonjour ; il y a longtemps que nous n’avions pas vu d’homme.

Naturellement surpris, je me mis à leur adresser poliment la parole et, tout en les regardant, je vis que c’était le mâle et la femelle, mais très âgés, à coup sûr.

Très familiers, sans se laisser prendre cependant, ces deux étranges perroquets se mirent à parler et à prononcer des phrases entières que, naturellement, je ne comprenais pas. Mais dès cet instant, vivement intéressé, je résolus de rester dans la grotte pour éclaircir le mystère aussi étrange que philologique que je flairais déjà.

Dare dare, je fis tapisser la grotte avec quelques rouleaux de papier peint que j’avais emporté pour un tout autre usage et relativement confortablement installé, je m’empressai de chercher à apprivoiser ces