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Mais tout ça ne donne pas la fortune ; aussi par ce temps d’exposition, je suis heureux d’informer mes nombreux lecteurs que je cherche toujours un éditeur pour mon dictionnaire et ma grammaire, car j’oubliais de vous dire que, grâce aussi à mes deux perroquets qui m’ont guidé sur quelques pierres tombales, j’ai retrouvé les caractères qui ne sont que des lettres phonétiques hébraïques à peine déformées par la transplantation au loin, à travers les siècles.

Ça coûtera donc un million ou deux.

Enfin mes deux fidèles perroquets — Philémon et Baucis, comme je les appelle — n’ont pas voulu me quitter ; ils sont à Paris avec moi bien portants mais très frileux et suivant mes calculs, ils ne doivent pas avoir loin de mille ans — un bel âge[1].

Nous sommes en instance tous trois — moi portant la plume — pour ouvrir un cours libre de cette belle langue morte depuis plus de quatre siècles au Collège de France ou à l’École des Langues Orientales. Je ne sais pas si je m’abuse, mais il me semble que le jour du premier cours, nous aurons tous les trois, moi et mes deux compagnons emplumés, un fameux succès et il faut bien avouer que, pour la rareté du fait, la persévérance mise et la collaboration d’un philologue avec deux oiseaux, nous ne l’aurons pas volé.

Voilà qui dégotte joliment les serins hollandais qui jouent aux cartes sur les boulevards pendant les fêtes du jour de l’an.

  1. Je crois plutôt qu’ils n’étaient que les arrière-petits-enfants d’ancêtres grimpeurs, contemporains des races disparues et, par conséquent, les simples et fidèles dépositaires des traditions philologiques mortes depuis des siècles.