Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 28 —

de l’américain, je l’interrompis encore, comme malgré moi et lui dis :

— Mais au moral, voyez nos petits hommes, nos petites passions, nos petites ambitions pour de petits bouts de petits rubans, nos petits ministres ; c’est déjà fait !

Il eut un sourire amer et lentement me répondit :

— Je ne m’occupe jamais de politique… Mais je poursuis, si vous permettez… ?

— Je vous en prie.

— Donc, au lieu de contrarier les lois de la nature, après les avoir découvertes, je me suis simplement donné pour mission de les seconder et si je vis encore seulement trente à quarante ans, ce qui est possible, car je n’ai que trente-sept ans, j’aurai trouvé… Mais à quoi bon vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ?

Je m’arrête, car non seulement vous ne me croiriez pas, mais encore vous vous moqueriez de moi..

— Jamais, continuez.

— Non, voici les Colibris qui se retirent et ces colibris sont des géants immenses à côté de la race de vrais nains que j’ai déjà obtenue…

Et se parlant à lui-même :

— Oh oui, si je vis encore trente ans, j’aurai trouvé…

— Quoi ?

L’Homme microbe, Monsieur !

Je fis un tel bond qu’il s’écria :

— Vous voyez, vous me prenez pour un fou. Eh bien, venez dîner demain au café de la Paix, à sept