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c’est la fable de la grenouille mise en action dans tous les concours agricoles du monde entier et quand on est arrivé à vous montrer un lapin gros comme un veau, on est sûr de remporter la médaille d’or.

Eh bien après de longues études ou plutôt après des méditations profondes comme les mines de houilles du Hainaut, je suis arrivé à faire cette constatation bien simple que depuis le commencement du monde la faune allait toujours en se rapetissant, témoin la disparition des mastodontes, des mammouths, des plésiosaures, des ichtyosaures, des mégalosaures, etc., etc., qui ont disparu déjà de la surface du globe depuis des milliers d’années.

Autrement dit, on croirait que le grand architecte de l’univers a voulu imiter les hommes, à moins que ce ne soit ces derniers qui l’aient imité et qu’après les animaux cyclopéens et mégalithiques, si je puis m’exprimer ainsi par comparaison dans la faune, il ait voulu revenir aux proportions, modestes sans doute, mais divinement harmonieuses, des temples grecs, de la Vénus de Milo.

— Bravo, fis-je enthousiasmé !

— Mais oui, et en voulant faire grand, avec les concours agricoles, l’homme va contre le vœu de la nature qui marche lentement, mais sûrement vers la cité de Lilliput, en faisant siens les procédés de réduction Colas.

Voilà pourquoi Swift était un grand homme, un véritable prophète qui a eu, à travers les siècles, la pure et foudroyante vision de l’avenir…

De plus en plus transporté par la hauteur de vue