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Enfin, au bout de quatre heures vingt-deux minutes de descente — un siècle ! — nous touchions au fond de la fameuse fosse, à plus de 9 429 mètres sous la surface de l’eau et par conséquent de notre navire.

Nos amis inconnus étaient là pour nous recevoir et au premier abord nous fûmes éblouis par toutes les lumières qui nous environnaient.

Un problème s’était en route posé dans notre esprit : comment allions-nous pouvoir vivre au fond de la mer ? Il nous serait donc impossible de sortir de nos scaphandres.

Mais nos amis que nous avions prévenus de notre descente et de notre visite avaient pensé à tout.

Nous n’eûmes pas plutôt mis les pieds avec nos tubes sur le sable fin des grèves, que nos câbles détachés par des mains expertes, furent fixés solidement à un crampon qui se trouvait là, dans une muraille de granit et que nous fûmes entraînés doucement par une série de couloirs qui se fermaient avec des portes automatiques dans une vaste grotte, superbement éclairée et absolument étanche.

Pour nous c’était le salut et nous pouvions, tout en conservant nos tubes respiratoires, sortir de nos scaphandres.

Lorsque nos hôtes nous virent et nous touchèrent, ils poussèrent des cris de joie et d’étonnement et lorsque nous les regardâmes, nous ne pûmes cacher non plus notre surprise, tant ces frères, séparés de nous, depuis le déluge, c’est-à-dire depuis 4900 ans environ et vivant à près de 10 000 mètres au fond des Océans, nous apparaissaient différents de nous.

— Figurez-vous…