Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/114

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Ils sauront que le bel amour souffle à sa guise
Et que le vieux lion n’a pas perdu ses dents.

Ô Viviane d’or, Viviane céleste,
Viviane, mon cœur et ma vie et mon tout,
Ô toi qui ne connais ni honte ni dégoût,
Toi dont le souvenir est tout ce qui me reste,

Je t’en prie, aide-moi, car j’en ai grand besoin,
Aide-moi. Je suis pauvre et faible et rustre encore.
En attendant l’immense et radieuse aurore,
Aide-moi, toi si merveilleuse et toi si loin !

Tends-moi la main du fond du bocage mystique
Où ton âme à la mienne a si bien répondu.
Souris au pur amant que ta bouche a perdu ;
Regarde l’impotent et le paralytique.

Si peu qu’un de tes doigts m’effleure, oh ! mais si peu,
Tu verras tressaillir le profond de mon être.
Le monde malfaisant reconnaîtra son maître ;
Je pourrai croire encore à la bonté de Dieu.

Et ton rire d’enfant réveillera ma lyre.
Je ferai, mort joyeux, éclater le tombeau.
Je chanterai plus fort, sous un soleil plus beau.
Je forcerai la sombre nuit à me sourire.