Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/113

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On me méprise, moi qui dominais la terre
Et piquais une étoile au cœur du firmament.
Les bêtes ont pitié de mon abaissement,
Muettes tout à coup devant le grand mystère.

L’homme que j’ai dompté, l’homme est plus odieux.
Il me voudrait sanglant, enchaîné sur la roue.
Jusqu’aux petits enfants qui me criblent de boue !
Ils n’ont pas vu l’enfer qui flambe dans mes yeux.

Mais patience, patience ! L’heure approche
Qui ressuscitera mon antique fierté.
L’oiseau miraculeux sur la lande a chanté ;
Un feu s’est allumé, cette nuit, sur la roche.

Ce cœur, sincère et franc, qu’on prit en trahison
S’évadera bientôt de l’ombre nostalgique.
Elle va refleurir, la baguette magique.
Je vois tout le futur blanchir à l’horizon.

Je vois les lys grandir dans le jardin des rêves,
La rose s’effeuiller sur le fleuve lointain,
Et la mer, bleue et rose, au lever du matin,
Battre paisiblement l’immensité des grèves.

Ceux qu’effarait l’essor de mes songes ardents
Sentiront sur leurs fronts haineux passer la bise.