Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/52

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On est là comme un moine en son petit couvent ;
Rien ne vous pèse plus des choses de ce monde ;
Et, le cœur endormi dans une paix profonde,
On écoute au dehors tourbillonner le vent.

La mer, à quelques pas, déferle sur la grève,
Et son chant monotone et large vous poursuit.
Elle parle plus franc au tomber de la nuit ;
En cet abri rustique on comprend mieux son rêve.

Tant d’êtres primitifs ont dormi dans ces draps,
Tant de marins partis pour la grande aventure,
Tant de durs laboureurs, tant d’hommes de nature,
Gagnant leur pauvre vie à la force des bras !

Simples, ils n’étaient pas de ceux-là qu’on acclame.
Leurs dévouements obscurs, on les a méprisés.
Mais ce lit, confident de tant d’espoirs brisés,
A gardé, j’en suis sûr, une part de leur âme.

C’est lui qui, par un soir trop vite évanoui,
Accueillit le hardi jeune homme avec sa douce.
Il leur a fait un nid plus tendre que la mousse ;
Leurs honnêtes baisers l’ont souvent réjoui.

Il a connu le trouble et l’abandon des vierges.
Il fut l’ami des vieux et leur dernier soutien.