Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/54

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Nos genêts d’or, nos clairs ajoncs, nos blanches roses,
Si tu comprends leur âme, enchanteront tes yeux ;
Notre mer te dira le secret des aïeux ;
Écoute-la parler ! Elle sait bien des choses…

En ces bois d’où le siècle est à jamais banni,
Tu pourras entrevoir un coin du grand mystère ;
Un charme d’innocence est resté sur ma terre,
Elle peut sans effroi contempler l’infini.

Peut-être apportes-tu quelque penser frivole :
Laisse échapper, mon fils, cet oiselet doré,
Souviens-toi que ce sol est un lieu consacré
D’où, comme un pur encens, la prière s’envole.

Pense à ceux que la vague a naguère engloutis
Et qui t’ont précédé dans cette humble demeure.
Eux aussi souriaient aux délices de l’heure,
C’est l’espérance aux yeux que tous étaient partis.

Mais quand un vent de mort a secoué leurs voiles,
Leur cœur au sacrifice était déjà tout prêt ;
Ils ont baissé la tête, et, sans même un regret,
Se sont évanouis dans la paix des étoiles.

Songe à ces laboureurs qui creusent leur sillon,
Sans se lasser jamais, dans la pierre ou le sable ;