Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/55

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À tous ces travailleurs que la fatigue accable,
À ces bœufs, patients et doux sous l’aiguillon.

Ils ne se plaignent pas. Rien ne les décourage.
Leur âme a la candeur et la foi du ciel bleu.
Pour oublier leur peine et monter jusqu’à Dieu,
Il leur suffit d’entendre un oiseau dans l’orage.

Toi que hante, à cette heure, un souvenir mortel,
Regarde ces vaillants et prends-les pour exemple.
Dépouille ton orgueil à la porte du temple ;
Agenouille ton cœur devant le pur autel.

Le chagrin qui t’oppresse est pareil aux mouettes
Qu’emporte sur la mer le vent qui rajeunit,
Puisses-tu, délivré des pièges du Maudit,
Redevenir enfant avec les alouettes !

Vois ! La sainte Bretagne a pour toi revêtu
Sa parure d’ajoncs, son manteau de bruyères.
Un esprit bienfaisant respire dans ces pierres ;
De ces mille fleurs d’or s’exhale une vertu.

C’est un rêve d’argent qui bat le pied des roches ;
D’angéliques parfums s’élèvent du ravin ;
Et, comme un frais écho du royaume divin,
Dans l’azur infini passe le chant des cloches.