Page:Vicaire - L’Heure enchantée, 1890.djvu/149

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Et puis elle pleure : « Pitié,
Pitié, maître, pour mes faiblesses.
C’est donc vrai que tu me délaisses ? »
Et son cœur se brise à moitié.

Voici qu’à l’heure où le soir tombe,
Dans la pourpre du ciel en feu,
Apparaît un ange de Dieu
Dont la main porte une colombe :

— « Ô Madeleine aux cheveux d’or,
Que diras-tu du temps qui passe ? »
— « Seigneur, Seigneur, je suis si lasse ! »
— « Tu resteras sept ans encor. »

La douce image est envolée,
Et soudain tout s’est assombri.
Sur le paysage fleuri
Tombe la neige désolée.

Quels cris d’angoisse à l’horizon !
Comme il éclaire et comme il vente !
Madeleine, en son épouvante,
A presque perdu la raison.

Et tandis que tout se lamente,
La terre et l’eau, le ciel, les bois,
On entend rire, à pleine voix,
Au plus épais de la tourmente.