Page:Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein - Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889.djvu/107

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Je ne ferai point encore connaître les caractères des personnes que je viens de nommer ; j’y reviendrai plus loin, pour ne pas trop interrompre ce qui me regarde.

Nous étions parfaitement tranquilles ; M. Thomassin avait été faire un voyage dans une terre de M. de Lescure[1], près des Sables. En retournant par les Essarts et les Herbiers, à peine eut-il passé ce dernier bourg de quelques lieues, qu’il vit venir à lui plusieurs personnes qui s’enfuyaient au grand galop. Elles lui dirent que les Herbiers venaient d’être pris par des troupes de ligne provenant apparemment d’un débarquement (car la peur les avait tellement aveuglés, qu’ils avaient cru voir tous les paysans en uniforme). M. Thomassin continua sa route ; à Bressuire, il trouva toute la ville en émoi et deux cents volontaires qui y étaient cantonnés depuis leur formation, sous les armes. On ne savait cependant rien de positif. M. Thomassin était en uniforme ; il s’était beaucoup vanté dans cette ville de son grade de capitaine de la garde de Paris, il avait toujours fait le patriote et le brave (il méritait seulement ce second titre). Il est arrêté dans la ville par plusieurs personnes du district et autres, qui le questionnent et le consultent avec beaucoup d’inquiétude. Il ne croyait pas ce que les fuyards lui avaient dit, parce que cela n’était vraiment pas probable, et il aurait beaucoup désiré que ce fût vrai ; mais, persuadé que c’était une terreur panique, il raconte en riant ce qu’on lui avait appris en route, ajoute qu’il ne le croit pas, badine beaucoup tous ces patriotes effrayés, en leur disant qu’il ne manquerait pas de venir les défendre, et qu’il se chargeait de garder la ville à lui tout seul. Ces gens le prennent au mot, et il n’obtient la permission de venir jusqu’à Clisson, qu’à condition de retourner le soir même à Bressuire ; on lui en fait donner

    sa femme étant accouchée de la veille ; quant à M. de Bonchamps, je ne sais si les paysans furent le chercher, ou s’il se rendit de lui-même. (Note de l’auteur.)

  1. Le Guy, dans la paroisse de Sainte-Flaive-des-Loups.