Page:Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein - Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889.djvu/108

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sa parole d’honneur. Il arrive chez moi et nous raconte toute cette aventure, riant de ce qu’on prétendait que des troupes débarquées étaient aux Herbiers, où il avait passé peu d’heures avant, venant du bord de la mer.

Nous croyons d’abord que M. Thomassin a perdu l’esprit, nous n’ajoutons pas plus de foi que lui à tout ce qu’on lui avait dit. Il retourne à Bressuire, et nous fait dire le lendemain qu’il paraissait très vrai que les Herbiers étaient pris et que l’on se battait dans plusieurs endroits du pays ; mais il ne pouvait comprendre ce que c’était, un débarquement ou une révolte : le premier n’était pas probable, et l’autre ne l’était guère plus, vu les avantages que les troupes assaillantes paraissaient remporter. Du reste, rien n’était positif, les rapports se contredisaient et étaient tous invraisemblables.

Nous restions confondus d’étonnement et dans la plus grande incertitude. Le lendemain, Motot alla à Bressuire et revint nous dire que l’on avait battu les Brigands, qu’on en avait beaucoup tué, et pris huit cents ; il ajouta, en riant, que la guillotine allait les mettre à la raison. Nous étions furieux contre lui, sans oser le témoigner. On venait toute la journée nous faire les contes les plus étranges et les plus différents. M. de la Rochejaquelein envoya son domestique, à cheval ; chez sa tante, qui n’était qu’à quatre ou cinq lieues des Herbiers, pour savoir la vérité. Il écrivit une lettre fort simple, lui mandant qu’il lui envoyait un de ses chevaux qui était malade, et il chargea de vive voix son domestique de savoir la vérité des rapports inconcevables que nous entendions depuis trois ou quatre jours.

Ce domestique fut arrêté à Bressuire, et on trouva sur lui une lettre de M. de la Cassaigne à Mlle de la Rochejaquelein, dont il était parent et ami, et une douzaine de sacrés-cœurs peints sur du papier. La lettre était fort courte et ne contenait à peu près que cette phrase : « Je vous envoie, mademoiselle, une petite provision de sacrés-cœurs, que j’ai faits à votre intention. Je vous