Page:Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein - Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889.djvu/158

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ture et le lui avait présenté. Le pauvre administrateur se résigna alors à capituler.] Quétineau ajouta que sa femme était dans la république ; que, libre de choisir, il préférait s’en aller, car sans cela il ne pourrait répondre aux accusations de ses ennemis, et prouver qu’il avait fait son devoir[1]. Cet homme conserva toujours ce caractère loyal ; il ne s’abaissa à aucune supplication et partit plein d’estime pour la générosité et la valeur des Vendéens[2].

Quelques soldats prirent parti avec nous, surtout des gens de Loudun : nous y fîmes une bonne recrue d’officiers ; il vint nous joindre de cette ville : MM. de Beauvollier aîné[3], de la Marsonnière[4], de Sanglier et de Mondion.

  1. Quétineau, pendant le séjour de l’armée vendéenne à Thouars, habita constamment la même maison que les officiers supérieurs ; il mangeait avec eux. Quelques-uns eurent le tort de l’insulter, les principaux chefs prirent hautement sa défense. On ne lui ôta point ses armes. On voulut lui persuader de ne pas se livrer à des hommes qui traitaient les malheureux comme des traîtres : « Pensez-vous, dit-il, que je n’aie pas fait mon devoir ? — Général, vous vous êtes conduit comme un brave, tout le monde vous rend justice dans l’armée catholique. » Il redoutait d’être mésestimé des Vendéens, et surtout de son parti. (Note du manuscrit.)
  2. Passeport donné au commandant Quétineau, à Thouars, le 8 mai 1793, par les généraux vendéens.

    « Nous, généraux de l’armée catholique et royale, permettons à M. Pierre Quétineau, breveté lieutenant-colonel d’un bataillon de volontaires, commandant la garnison de Thouars, d’aller où bon lui semblera, convaincue que l’honneur le portera, tant qu’il restera prisonnier, à ne point porter les armes contre nous, à moins qu’un échange ou autre arrangement de droit ne l’ait délivré de sa captivité. Le même sentiment l’engagera, nous l’espérons, à rendre un compte sincère et fidèle de la manière humaine et généreuse avec laquelle nous nous sommes conduits envers les troupes faites prisonnières sous ses ordres, le dimanche 6 du courant.

    « Fait à Thouars, le 8 mai 1793.

    « Donnissan. D’Elbée. Lescure. La Rochejaquelein. Cathelineau. Stofflet. Bonchamps.

    « Le lieutenant-colonel Quétineau. »

  3. Pierre-Louis, comte de Beauvollier, né à Beuxes, près Loudun, le 14 juin 1761, seigneur de Sammarçolles, ancien page du Roi, intendant et trésorier général de l’armée vendéenne, prit part à toute la guerre, fut mis plusieurs fois en prison sous le consulat, puis devint inspecteur des fourrages dans les armées impériales. Il fut blessé et pris à la Bérésina, et retraité par la Restauration comme commissaire-ordonnateur des guerres, chevalier de Saint-Louis. Il mourut au Mans le 11 mai 1843.
  4. Charles-Joseph Levieil, seigneur de la Marsonnière, près Moncontour-de-