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CHAPITRE III

DEPUIS LE 6 OCTOBRE 1789 JUSQU’AU 10 AOÛT 1792





Nous sommes restées à Bellevue jusqu’au 19 octobre ; Mesdames étaient toujours gardées par les troupes nationales de Paris ; elles menaient la vie la plus triste, et n’avaient avec elles que peu de dames de leur maison. Maman était dans l’état le plus cruel ; vivement frappée des malheurs de la révolution, elle avait souvent des attaques de nerfs et des insomnies continuelles. Elle demanda à Madame Victoire la permission d’aller en Gascogne ; nous partons, maman, mon père, mon oncle de Lorge, son second fils[1], le marquis de Civrac, et moi. Notre voyage se fait avec la plus grande tranquillité ; nous passons par Libourne, et de là nous allons par la traverse, au château de Blaignac, appartenant à mon oncle. La vue est de toute beauté. Il y a un joli parc, mais une boue si affreuse qu’il est impossible de s’y promener, même sur

  1. Alexandre-Émeric de Durfort, né à Paris le 6 février 1770, marquis de Civrac, lieutenant d’artillerie en 1789, chevalier de Saint-Louis en 1814, colonel de la légion de Maine-et-Loire en 1815, maréchal de camp en 1822, député en 1824, pair de France en 1837, démissionnaire en 1830. Il mourut le 16 septembre 1835, au château de Brangues, Isère.