CHAPITRE IV
DEPUIS L’AFFAIRE DU 10 AOÛT
JUSQU’À MON ARRIVÉE À TOURS
ers minuit, nous commençons à entendre marcher
plusieurs personnes dans la rue et frapper doucement
aux portes ; nous regardons par la fenêtre, nous
voyons que c’est le bataillon de la section qu’on rassemble à
petit bruit ; nous pensons qu’il s’agit d’attaquer l’arsenal. Vers
les deux ou trois heures du matin, nous entendons distinctement
le tocsin, qui commence à sonner dans notre quartier. Alors
M. de Lescure, ne pouvant tenir à son inquiétude, s’habille,
s’arme et part avec M. de Marigny pour aller aux Tuileries
voir par eux-mêmes si le peuple se porte de ce côté. Mais
quoique ayant des cartes rouges et des cartes bleues pour entrer
au château, et en connaissant bien les issues, ils ne peuvent
y pénétrer ni l’un ni l’autre ; ils voient massacrer la fausse
patrouille. Jusqu’à neuf heures, ils tournent autour des
Tuileries. Désespéré de ne pouvoir réussir, M. de Lescure
revient pour se déguiser tout à fait et se mettre en homme du
bas peuple ; mais comme il rentrait, la canonnade commence.