Page:Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein - Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889.djvu/90

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sur l’amour de la patrie, et nous remontons en voiture aux cris de : Vive la nation !

Mon oncle et ma tante de Courcy avaient eu des passeports pour Bordeaux, par le moyen de M. Thomassin, et nous avaient rejoints en cabriolet sur la levée. M. Thomassin change de place avec ma tante, qui vient dans notre voiture. Bientôt nous rencontrons une foule de volontaires qui nous entourent, nous jettent des pierres. Notre protecteur s’élance du cabriolet, l’épée à la main, saisit le plus mutin au collet, lui apprend qu’il est capitaine de Paris. Cet homme devient tremblant ; M. Thomassin fait encore un discours patriotique, et nous continuons notre route.

À cette époque, tous ceux qui tenaient à la troupe de Paris paraissaient autant de héros. C’est donc en général d’armée que M. Thomassin nous mène jusqu’à Tours ; il nous arrive dans le chemin mille aventures pareilles à celles que je viens de décrire ; nous rencontrons successivement quarante mille volontaires.

Mon oncle et ma tante continuent leur voyage ; nous apprenons qu’il y a du bruit à Bressuire, précisément dans le district où la terre de Clisson est située, et qu’on ne nous laissera pas passer. Nous nous arrêtons donc forcément près de Tours, en face de la ville, de l’autre côté de la Loire.