Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/17

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sance peut être bonne à l’étude de l’homme en général. L’homme est une plante que nous ne saurions mieux apprendre à décrire que par l’observation de nous-mêmes.

Je n’ai pas l’intention de rapporter ici aucune particularité qui pourrait regarder d’autres personnes, et qui se trouverait, pour ainsi dire, entrelacée avec les incidens de ma vie. Mes propres actions, à la bonne heure ; mais pour celles des autres, je n’ai aucune envie de les écrire.

Je ne nommerai donc presque jamais personne, ou je ne le ferai que dans les choses indifférentes ou louables.

L’étude de l’homme en général, voilà le but principal de ce livre. Et de quel homme peut-on mieux parler ou plus doctement que de soi-même ? Quel autre nous a-t-il été plus facile d’étudier, de connaître plus intimement, d’examiner avec plus de scrupule, quand on a vécu tant d’années, pour ainsi dire, dans le plus profond de ses entrailles ?

Pour ce qui est du style, je laisserai faire à ma plume, et m’éloignerai fort peu de la facilité naturelle et spontanée avec laquelle j’ai écrit cet ouvrage, dicté par le cœur plutôt que par l’esprit, et qui seule peut convenir à un si humble sujet.