Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/245

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gens, entre autres le comte Augustin Tana. Nous étions du même âge, et il avait été page du roi, à l’époque où j’étais moi-même à l’académie. Notre




des vents les voiles de l’Egypte, lorsque tant de navires amis couvraient la mer d’Actiumî Et quand le monde attentif a la grande querelle ne savait encore à quel vainqueur se donner en proie, pourquoi cette fuite imprudente T

CLÉOPATRE..

Ce n’est pas l’amour qui empoisonnait toutes mes heures. Je n’ai jamais cédé qu’à l’ambition de commander. J’ai essayé, et jamais en vain, de toutes les voies qui pouvaient me conduire avec gloire à ce haut faite. Toute autre passion chez moi a été subordonnée à celle-ci, et celles d’autrui sont venues en aide à la mienne. César, le premier, ceignit mon front superbe du grand diadème ; et alors ce ne fut pas à l’Egypte seule-que je dictai des lois, tout ce que Rome avait asservi de contrées, et celui qui avait vaincu Rome, j’ai vu tout cela obéir un jour à mes ordres Mon coeur était le prix de cette illustre couronne, et aucun ne l’a obtenu qui n’ait dû commencer par soumettre le monde. Ce trône à qui j’avais immolé depuis si long-temps la vertu, et l’honneur, et la foi, je n’ai pas voulu le laisser au hasard de l’événement et

au sort inégal des armes infidèles..... J’ai voulu le garder,

et je l’ai perdu par ma fuite..... Mon pied chancelle sur ce

trône aujourd’hui sansdéfense ; et pour désarmer le vainqueur ennemi, il ne me reste plus que mes larmes.....Douleur tardive; les larmes n’effacent pas une telle faute et ne font que me dégrader encore.

1SMÈNE.

Reine, ta douleur réveille la pitié dans tous les cœurs; mais la pitié, que peut-elle? Rentre en toi-même, essuie ces larmes et envisage d’un regard plus assuré tous les mal-