Parmi cet insipide ennui de composer des vers italiens sur des pensées françaises, j’avais aussi rudement travaillé à refaire ma troisième Cléopâtre. Plusieurs scènes de cette dernière que j’avais écrites et lues en français à mon censeur, le comte Augustin Tana, et que celui-ci, plus préoccupé du drame que de la grammaire, avait trouvées fortes et très-belles, entre autres celle d’Auguste avec Antoine, une fois habillées de mes pauvres vers peu italiens, monotones, faciles et sans nerf, lui parurent au-dessous du médiocre. Il me le dit nettement, et je le crus ; je dirai mieux, je le sentis comme lui. Tant il est vrai que dans toute poésie le vêtement fait le mérite du corps, et que, dans quelques genres (le lyrique, par exemple), l’habit est tout. À ce point que tels vers :
Con la lor vanità che par persona[1],
l’emportent sur tels autres où :
Fossero gomme legate in vile anello[2].
J’ajoute ici que le père Paciaudi et le comte Tana, surtout ce dernier, ont acquis des droits éternels à ma reconnaissance, et je leur en garde une sans bornes pour les vérités qu’ils me dirent, et pour m’avoir contraint à rentrer dans le bon et véritable sentier des lettres. Telle était ma confiance en ces