Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/274

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prédit que je reviendrais un jour au Galateo, et le relirais plus d’une fois. Et c’est en effet ce qui m’arriva, mais longues années après, lorsque mes épaules et mon cou se furent tout-à-fait endurcis à porter le joug grammatical. Et ce ne fut pas seulement le Galateo, mais tous nos prosateurs du quatorzième siècle que je lus en les annotant. En retirai-je grand fruit ? je l’ignore. Il n’en est pas moins vrai qu’un auteur qui les aurait bien lus, qui aurait bien étudié leur manière, et qui serait venu à bout de s’approprier avec sens et adresse l’or de leurs vêtemens, en écartant la friperie de leurs idées, pourrait bien, poète, historien, philosophe, en quelque genre enfin que ce fût, donner à son style une richesse, une précision, une propriété, un coloris qui n’appartiennent encore véritablement à aucun de nos écrivains ; pourquoi ? peut-être parce que le labeur est immense ; ceux qui auraient assez de talent et de capacité pour l’accomplir ne le veulent pas faire, et ceux-là l’essaient en vain, à qui le ciel a refusé ces dons.





CHAPITRE II.

Je reprends un maître pour expliquer Horace. Premier voyage littéraire en Toscane.


1776. Vers le commencement de l’année 1776, déjà depuis plus six mois enfoncé dans mes études ita-