de ce prince des lyriques latins, et nos erreurs nous aplaniront la route pour redescendre aux autres. » Et ainsi nous fîmes. Je pris un Horace sans commentaire aucun ; et du commencement de janvier à la fin de mars, à force de faire des sottises, de construire, de deviner, de me tromper, je parvins à traduire de vive voix toutes les odes. Cette étude me coûta beaucoup de peine, mais elle me fut d’une grande utilité, parce qu’elle me remit dans la grammaire sans me faire sortir de la poésie.
Je ne négligeais pas néanmoins de lire et d’annoter toujours les poètes italiens ; j’en ajoutai même de nouveaux à ma liste, Politien, par exemple et Casa ; puis je retournais aux maîtres dont je recommençais les œuvres. Pétrarque et Dante, entre autres, je les lus certainement et les annotai bien cinq fois dans l’espace de quatre années. Comme de temps à autre je me remettais aussi à faire des vers tragiques, j’avais achevé de versifier le Philippe. Mais quoiqu’il fût déjà un peu moins mou, un peu plus présentable que la Cléopâtre, néanmoins cette versification me semblait encore languissante, prolixe, fastidieuse et triviale. Et, en effet, ce Philippe qui, dans mes œuvres, n’a plus pour ennuyer son public que quatorze cents et quelques vers, dans mes deux premières tentatives, plus terrible à l’auteur qu’il s’obstinait à désespérer, en avait pour le moins deux mille, et encore disait-il bien moins de choses avec ses deux mille vers qu’il n’a fait depuis avec quatorze cents.
Cette langueur et cette faiblesse de style que