Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE IX.

Je reprends mes études à Rome, où je les pousse vivement. — J’achève mes quatorze premières tragédies.


Dès que je commençai à respirer de ces petits manèges de demi-servitude, heureux plus que je ne saurais dire de l’honnête liberté qu’on me laissait de voir mon amie chaque soir, je retournai tout entier à mes études. Je repris donc le Polynice et en achevai les vers pour la seconde fois ; puis, sans reprendre haleine, je continuai mon Antigone, puis la Virginie, et successivement l’Agamemnon, l’Oreste, les Pazzi, le Don Garcia, puis le Timoléon, qui n’avait pas encore été mis en vers, et enfin, pour la quatrième fois, ce Philippe, rebelle à tous mes efforts, Je me reposais de ce travail monotone des vers blancs, en reprenant par intervalle le troisième chant de mon poème, et dans le mois de décembre de cette même année je composai d’une haleine les quatre premières odes de la Liberté Américaine. La pensée m’en vint en lisant quelques odes sublimes de Filicaja, qui me remplirent d’enthousiasme ; je ne mis que sept jours à écrire les quatre miennes, et la troisième ne m’en prit qu’un seul : elles sont encore, à peu de chose près, telles que je les conçus, tant est grande, pour moi du moins, la différence qui existe entre les vers lyriques rimes et les vers blancs de dialogue.

1782. Au commencement de 1782, voyant mes tragé-