Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/379

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Fido[1], le même qui dans Rome avait plusieurs fois reçu le doux fardeau de ma bien-aimée, et c’était assez pour me le rendre plus cher à lui seul que toute ma nouvelle troupe. Toutes ces bêtes me retenaient en même temps dans la distraction et l’oisiveté. Les peines de cœur venant à s’y joindre, j’essayai vainement de reprendre mes occupations littéraires. Je laissai passer une bonne partie de juin et tout le mois de juillet où je ne bougeai pas de Sienne, sans faire autre chose que quelques vers. J’achevai cependant plusieurs stances que manquaient encore au troisième chant de mon petit poème, et je commençai même le quatrième et dernier. L’idée de cet ouvrage, quoique souvent interrompu, repris à de longs intervalles et toujours par fragmens, et sans que j’eusse aucun plan écrit, était restée néanmoins très-fortement empreinte dans mon cerveau. Ce à quoi je voulais surtout prendre garde, c’était à ne le pas faire trop long, ce qui m’eût été bien facile, si je me fusse laissé entraîner aux épisodes et aux ornemens. Mais pour en faire une œuvre originale et assaisonnée d’une agréable teneur, la première condition , c’était d’être court. Voilà pourquoi dans ma pensée il ne devait d’abord avoir que trois chants ; mais la revue des

  1. Nous nous serions reproché de traduire en français le nom donné par Alfieri à son cheval favori. C’est aussi le nom du chien de M de Lamartine, ce cher Fido qu’il a immortalisé dans Jocelyn. (Note du Traducteur.)