Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/428

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voyai ma lettre à un banquier de Douvres, le priant de la lui remettre en personne, et de me faire passer la réponse à Bruxelles, où je serais sous peu de jours. Ma lettre, dont je me reproche de n’avoir pas gardé copie, était assurément pleine d’un sentiment passionné ; de l’amour non, mais un sincère et profond regret de la retrouver encore dans une vie errante et si peu digne de son rang et de sa naissance, mais une vive et amère douleur, en songeant que j’en avais été quoique innocemment la cause ou le prétexte ; que sans le scandale de mes aventures avec elle, elle aurait pu cacher ses déréglemens, en grande partie du moins, et s’en corriger avec les années. Je trouvai sa réponse à Bruxelles, environ quatre semaines après, et je la transcris fidèlement au bas de la page, pour donner une idée de l’obstination nouvelle et des mauvais penchans de son caractère; il est bien rare de les rencontrer à ce degré, surtout dans le beau sexe, mais tout sert à la grande étude de cette bizarre espèce qui a nom : l’homme.




Monsieur,

Vous ne devez point Jouter que les marques de votre souvenir, et de l’intérêt que vous avez la bonté de prendre à mon sort, ne me soient sensibles et reçues avec reconnaissance, d’autant plus que je ne puis vous regarder comme l’auteur de mon malheur, puisque je ne suis point malheu-

’ Cette lettre est en français dans le texte, et paraît avoir e’te’ e’erite en cette langue. (Note du Trad.)