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Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/442

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quittée ; et où je retrouvai le trésor vivant de ma belle langue, ce qui me dédommagea amplement de tant de pertes en tout genre, qu’il m’avait fallu supporter en France.


CHAPITRE XXIII.

Peu à peu je me remets à l’étude. — J’achève mes traductions. — Je recommence à écrire quelque petite chose de mon propre fonds. — Je trouve à Florence une maison fort agréable. — Je me livre à la déclamation.

De retour à Florence, où néanmoins nous fûmes presque une année sans pouvoir trouver une maison qui nous convînt, l’avantage d’entendre parler de nouveau cette langue si belle, et pour moi si précieuse, le plaisir de rencontrer çà et là des gens avec qui je pouvais m’entretenir de mes tragédies, de les voir elles-mêmes, fort mal sans doute, mais assez souvent représentées sur un théâtre ou sur l’autre, cela réveilla dans mon cœur quelque chose de cette passion littéraire qui, pendant les deux dernières années, s’y était presque éteinte. La première petite chose que j’imaginai et que je tirai de mon propre fonds (car depuis trois ans tout ce que j’avais composé se réduisait à quelques vers), ce fut l’Apologie du roi Louis XVI, que j’écrivis au mois de décembre de cette même année. Je repris chaudement ensuite mes deux tra-