Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/449

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pendance, la sécurité du Piémont, je voyais s’en aller en fumée la dernière ressource qui me restât pour vivre. Toutefois, prêt à tout et bien résolu dans le cœur à ne flatter et à ne servir personne, je savais supporter avec courage et fermeté tout ce qui n’était pas ces deux choses. Je m’absorbais alors d’autant plus dans l’étude, la regardant comme la seule diversion honorable à de si tristes et de si amers dégoûts.





CHAPITRE XXV.

Pourquoi, comment, et dans quel but, je finis par me résoudre à faire par moi-même une étude sérieuse et approfondie de la langue grecque.


Déjà en 1778, à l’époque où ce cher Caluso était à Florence avec moi, je ne sais par quel caprice de désœuvré, par quel instinct de curiosité frivole, je l’avais prié de me tracer sur une feuille volante un simple alphabet grec, les grands et les petits caractères, d’où j’avais appris, tant bien que mal, à distinguer les lettres et à les appeler par leurs noms, mais rien de plus. Pendant long-temps je n’y songeai plus ; mais il y a deux ans, quand je me mis à lire ces traductions littérales, comme on l’a vu, je recherchai cet alphabet dans mes papiers , et, l’ayant trouvé, j’essayai d’en reconnaître les signes et de les prononcer, avec la seule pensée de pouvoir de temps en temps jeter les yeux sur