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Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/465

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et un choix de tous les classiques italiens et latins ;

    et que mon ami vous a promis en mon nom, je vous en renouvelle aujourd’hui la promesse, et je dois le garder. Mais que ce secret sera gardé après et en des temps meilleurs, voilà ce que je ne saurais promettre. Je n’aime pas à me voir surpasser en générosité. Si mes tragédies ont jamais chance de vivre, est-il juste que celui qui a généreusement dérobé leur difformité originelle au danger de se voir expose au grand jour et à la risée de tous, n’obtienne pas de moi le solennel témoignage que mérite sa loyauté ? Quant à l’exemplaire de ces tragédies que vous me dites avoir entre les mains et qui n’aurait à vos yeux que le double défaut d’être trop richement relié et de ne vous avoir point été donné par moi, s’il peut perdre par là un de ces défauts, je me fais un vrai bonheur de vous l’offrir, et ce serait me mortifier véritablement que de ne pas l’accepter. Je corrigerai plus tard le premier en vous adressant un second exemplaire de mon théâtre et y joignant quelques petits ouvrages qui tous, plus humblement reliés, auront ainsi un vêtement plus conforme à leur condition

    Pour ce qui est du reste de mes livres que vous avez eu la bonté de me faire passer, en m’offrant avec une délicatesse digne de vous de vous employer à me les faire rendre sans que j’intervienne en aucune façon, je vous dirai sincèrement que je ne puis agréer cette offre, et en voici les motifs. Les livres que j’avais laissés à Paris étaient au nombre de plus de quinze cents volumes, et contenaient tous les grands classiques grecs, latins, italiens. Je ne vois sur la liste qui m’est adressée, qu’environ cent cinquante volumes, et tous livres de peu de valeur. J’en conclus que la totalité de mes livres a été ou dispersée, ou enlevée, ou déposée en divers endroits. Il sera donc impossible, ou bien difficile, peut-être même périlleux, d’en rechercher la trace. Ce serait tout au moins