Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec des bandits, en laissant publier mes ouvrages par des presses étrangères.





CHAPITRE XXIX.

Seconde invasion. — Ennuyeuse insistance du général littérateur. — Paix telle quelle, qui adoucit un peu mes misères. — Six comédies conçues à la fois.


Uniquement occupé du soin d’assembler et de revoir mes quatre traductions du grec, je traînais le temps, sans autre souci que de poursuivre avec ardeur des études commencées trop tard. Le mois d’octobre arriva, et le 15, voici qu’au moment où on s’y attendait le moins, pendant la trêve conclue avec l’empereur, les Français se jettent de nouveau sur la Toscane qu’ils savaient occupée au nom du grand-duc, avec lequel ils n’étaient point en guerre. Je n’eus pas le temps, comme la première fois, de me retirer à la campagne, et il me fallut les voir et les entendre, jamais ailleurs toutefois que dans la rue, voilà qui va sans dire. Du reste, le plus grand ennui et le plus oppressif, la corvée de loger le soldat, la commune de Florence eut l’heureuse idée de m’en exempter en qualité d’étranger, et comme ayant une maison étroite et trop petite. Délivré de cette crainte, pour moi la plus cruelle et celle qui me donnait le plus de souci, je me résignai pour le surplus à ce qui pouvait arriver. Je m’enfermai, pour ainsi dire, dans ma maison, et à l’exception de deux heures de promenade, que je faisais chaque matin