Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/490

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

spire le désir de me connaître ; mais que désormais, averti de mon humeur sauvage, il ne me chercherait plus. Il tint parole ; et voilà comment j’échappai à un ennui pour moi plus pénible et plus triste que tout autre supplice que l’on eût voulu me faire subir.

Cependant le Piémont, autrefois ma patrie, déjà francisé à sa manière et voulant singer ses maîtres en tout, changea son académie des sciences, ci-devant royale, en un institut national, sur le modèle de celui de Paris, où se trouvaient réunis les belles-lettres et les beaux-arts. Il plut à ces messieurs (je ne saurais les nommer, car mon ami Caluso s’était démis de sa place de secrétaire de l’académie), il leur plut, dis-je, de m’élire membre de cet institut et de me l’apprendre directement par une lettre. Prévenu d’avance par l’abbé, je leur renvoyai la lettre sans l’ouvrir, et je chargeai mon ami de leur dire de vive voix, que je n’acceptais point ce titre d’associé, que je ne voulais être d’aucune association, et moins que de toute autre, d’une académie qui récemment avait exclu avec tant d’insolence et d’acharnement trois personnages aussi respectables que le cardinal Gerdil, e comte Balbo, le chevalier Morozzo (comme on peut le voir dans les lettres que je cite en note) sans en apporter un autre motif, sinon qu’ils étaient trop royalistes.

  • Mon très-cher ami, J’ai reçu par M. d’Albarey vos deux lettres dont la dernière,