Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/506

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en un distique italien[1]. Je les ai montrés l’un et l’autre à mon ami, l’abbé de Caluso ; le grec pour m’assurer qu’il n’y avait ni barbarisme, ni sollécisme, ni faute de quantité ; l’italien, pour lui donner à juger si j’avais assez modéré en le traduisant l’impertinence un peu trop forte de l’original. Dans une langue généralement peu comprise, l’auteur peut, on le sait, parler de lui-même avec plus de liberté que dans un idiome vulgaire ; mon ami ayant approuvé les deux versions, je les enregistre ici, de peur qu’elles ne s’égarent.

Quant au collier lui-même, je le ferai exécuter au premier jour, et le plus richement qu’il me sera possible ; je ne veux y épargner ni l’or, ni les joyaux, ni les pierres dures. Alors je me parerai de ce nouvel ordre, qui sera du moins mon œuvre, que je l’aie ou non mérité. S’il ne m’appartient pas l’impartiale postérité saura bien, un jour, le conférer à quelque autre qu’elle aura trouvé plus digne. À revoir, cher Lecteur, si toutefois nous devons nous revoir, lorsque, vieux radoteur, je déraisonnerai mieux encore que je ne l’ai fait dans ce dernier chapitre de ma virilité expirante.

Florence, le 14 mai 1803.
Victor Alfieri.




  1. On a cru pouvoir se dispenser de rapporter ici l’original de ce distique grec, dont voici la traduction, un peu différente toutefois de celle qu’Alfieri lui-même en a donnée en Italien :
    « Alfieri, en se créant lui-même chevalier d’Homère,
    « À inventé un ordre plus divin que ceux des rois. »
    (Note du Traducteur.)