français des extraits que je poussai jusqu’au dix-huitième livre, travail absurde, fastidieux et ridicule, que je poursuivis néanmoins avec beaucoup de persévérance et même avec un certain charme, mais, à coup sûr, sans aucun fruit. Ce fut cette lecture qui commença à me désenchanter des prêtres et de leur esprit ; mais bientôt je laissai là Fleury, et n’y songeai plus. Ces extraits, que je n’ai jetés au feu que dans ces dernières années, m’ont fait beaucoup rire, quand j’ai voulu y jeter un coup d'œil, environ vingt ans après les avoir écrits. De l’histoire ecclésiastique, je me replongeai dans les romans ; souvent je relisais les mêmes, entre autres les Mille et Une Nuits.
Chemin faisant, je me liai avec quelques petits jeunes gens de la ville qui avaient encore leur précepteur. On se voyait tous les jours, et on faisait de grandes cavalcades sur de mauvais chevaux de louage, véritable folie à se casser le cou mille fois pour une ; comme était celle encore de courir de l’ermitage des Camaldules jusqu’à Turin sur un très-méchant pavé et par une pente très-raide ; ce que plus tard je n’aurais voulu recommencer à aucun prix, même avec les chevaux les plus sûrs. Une autre fois, nous nous lancions à travers les bois qui sont entre le Pô et la Doire, après mon valet de chambre. Nous étions, nous, les chasseurs, et le pauvre homme sur son bidet faisait le cerf. Ou bien encore c’était la bride de son cheval qu’on lâchait, puis on le poursuivait à grands cris en faisant claquer les fouets ; on imitait le bruit du cor avec la