singulièrement refroidie ; mais, n’ayant pas retiré ma pétition, je crus devoir accepter, et on me nomma porte-enseigne dans le régiment provincial d’Asti. D’abord j’avais demandé à entrer dans la cavalerie, par suite de ma passion naturelle pour les chevaux ; mais plus tard j’étais revenu sur ma démarche, et je m’étais contenté d’entrer dans l’un de ces régimens provinciaux, qui, en temps de paix, ne se réunissant sous les drapeaux que deux fois l’année et pour peu de jours, devaient me laisser une très-grande liberté de ne rien faire, ce qui était précisément la seule chose que je me fusse décidé à faire. Avec tout cela, ce service de peu de jours ne laissait pas de m’être fort désagréable. L’emploi que je venais d’accepter ne me permettait plus de rester à l’Académie, où je me trouvais à merveille. J’éprouvais alors, à y demeurer, autant de plaisir qu’auparavant je m’étais senti mal à l’aise et contraint dans les deux autres appartemens, et même dans celui-ci pendant les dix-huit premiers mois. Il fallut se résigner, et dans le courant de mai je quittai l’Académie, après y avoir passé près de huit ans. Au mois de septembre, je me présentai à la première revue de mon régiment à Asti, où je m’acquittai très-exactement de tous les devoirs de mon petit emploi, tout en le haïssant. Il m’était absolument impossible de me faire à cette chaîne de dépendances graduelles qu’on appelle subordination. C’est bien assurément l’ame de la discipline militaire, mais ce ne sera jamais celle d’un futur poète tragique. En sortant de l’Acadé-
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