Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/98

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La chose réussit, mais j’avais honte dans l’ame, mais j’étais furieux que, pour l’emporter, il me fallût mettre en œuvre tant de prières, de feintes et de dissimulations. Le roi, qui dans notre petit pays se mêle des plus petites choses, n’avait aucun goût à laisser voyager ses nobles, et encore moins un enfant à peine sorti de sa coquille, et qui montrait déjà un certain caractère. Il fallut, en somme, plier cruellement ; mais,grâce à ma bonne étoile, cela ne m’empêcha pas de me redresser plus tard de toute ma hauteur.

Je terminerai ici cette seconde partie. Je m’aperçois trop bien que j’y ai fait entrer une foule de minuties, qui vont la rendre plus insipide encore, peut-être, que la première. Je conseille donc au lecteur de s’y arrêter aussi peu, ou plutôt de la franchir à pieds joints, puisque enfin, pour tout résumer en deux mots, ces huit années de mon adolescence ne sont que maladies, oisiveté et ignorance.