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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

tant plus que grâce à une faveur accordée au clergé par la plupart des grandes compagnies, je ne payais que demi-place en chemin de fer.

À partir de Loockout, limite des deux États de Montana et de l’Idaho, notre train descend par une route en lacets du haut de la montagne jusqu’au fond d’une vallée où se trouve la ville de Wallace, centre minier très important. Le lendemain matin il repart de Wallace pour Missoula. Si vous voulez bien, « montons à bord », comme on dit là-bas et retournons à Frenchtown, où nous arriverons à 5 h. Nous revoyons d’abord Saltese avec les façades carrées de ses « Salons » ; puis de Borgia avec sa petite église et sa croix blanche ; plus loin nous côtoyons le torrent le long de la gorge qu’il parcourt, jusqu’à ce qu’enfin à l’autre extrémité s’ouvre devant nous le cirque arrondi des montagnes de Saint-Régis ; nous traversons la gare toujours encombrée d’ouvriers qui arrivent ou qui partent. L’ouvrier américain est essentiellement instable, et passe la moitié de son temps à voyager d’un lieu à un autre. À Saint-Régis nous retrouvons notre grande et belle rivière, la Missoula. Voici de nouveau la Montagne de Fer avec le « Salon » du Canadien Garreau et le petit hôtel de Madame Lajeunesse ; puis l’étroit défilé de Rivulet où certaines parties de la voie ferrée ont dû être suspendues aux parois presque verticales du rocher. Après ce passage, pittoresque sans doute, mais quelque peu effrayant, nous arrivons à la petite vallée souriante de Philémon-Spur et enfin à Lothrop. Nous passons près de la gare devant le « Salon » Gerrity, dévalisé lui aussi un beau soir par une bande d’hommes masqués. Encore quelques tours de roue et devant nous s’ouvre la large et belle vallée de Frenchtown. À la gare je trouve mon vieux domestique qui