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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

l’église passer toute la journée avec le prêtre, et s’en retournent le soir à la maison. C’est plaisir de les voir arriver, la plupart à cheval, quelques-uns en voiture légère, assister à tous les exercices de la journée avec recueillement et piété, prendre sur l’herbe, autour de l’église, leur petit dîner, suivi de quelques instants de récréation, puis finir par le Chemin de la Croix, et remonter à cheval pour regagner au galop le toit paternel.

Je tâchais de faire coïncider la première communion avec la visite de l’évêque, pour qu’il pût donner en même temps la confirmation aux enfants. Cette année-là, 1903, c’était encore Mgr Brondel, Belge de naissance, qui était évêque d’Helena. J’eus l’idée de lui faire une réception pareille à celle dont j’avais été le témoin, plus d’une fois, dans le nord de la France. J’organisai donc une cavalcade, composée de jeunes gens de la paroisse, tous excellents cavaliers ; l’un d’eux les commandait et faisait à merveille manœuvrer son petit escadron. Lorsque l’évêque sortit de la gare, il trouva nos cavaliers rangés en front de bataille, et à peine était-il monté en voiture, que la troupe se divisa en deux pelotons, l’un prenant la tête du cortège, et l’autre fermant la marche. Arrivés devant l’église, les cavaliers se formèrent sur deux lignes entre lesquelles passa l’évêque, saluant de la main avec sa bonhomie ordinaire, et enchanté de cette petite innovation, qui lui rappelait sa chère Belgique.

Je le retrouvai quelques semaines plus tard à la mission de Saint-Ignace dans la Réserve des Têtes-Plates, où il venait tous les ans passer avec nous la fête du 31 juillet. Une escorte d’Indiens, hommes, femmes et enfants, tous à cheval, était allée le prendre à la gare, distante de huit kilomètres, et je vois encore le cortège arriver devant notre maison. La troupe indienne défila