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MONOGRAPHIES INDIENNES.

doit ni boire ni manger ; il se coupe une phalange du petit doigt ou de l’annulaire et l’offre au soleil. Si le soleil lui est propice, pendant son sommeil il a un songe qui lui révèle sa médecine, c’est-à-dire le talisman pro­tecteur de toutes ses entreprises. Ce peut être une pierre de forme étrange que le soleil a déposée là pour lui ; ou bien un oiseau, ou quelque autre petit animal qu’il doit tuer, embaumer et porter sur lui. En possession de son talisman, le jeune brave descend de la montagne et an­nonce au camp qu’il a trouvé la médecine et une méde­cine puissante ; que sous peu de jours il ira voler les chevaux de telle tribu ennemie, et « qui a du cœur, me suive ! » Cinq ou six compagnons s’offrent aussitôt, et leurs préparatifs terminés, ils se mettent en campagne. Le futur chef sachant combien les Indiens aiment à fu­mer, emporte avec lui du tabac et une pipe ; et quand ils s’arrêtent pour manger ou dormir, après le repas, on al­lume la pipe qu’ils se passent de main en main après en avoir tiré quelques bouffées. Si l’expédition réussit et que la troupe revienne victorieuse, alors la médecine du jeune guerrier est bonne et nous disons qu’il posséda la pipe, c’est-à-dire qu’il s’est montré bon guide et qu’il a prouvé dans cette entreprise son intelligence et sa valeur. — Ainsi donc la première condition pour un jeune guerrier qui désire devenir chef, c’est de recevoir la médecine du soleil et de réussir dans une expédition contre les ennemis.

» La seconde condition, c’est de frapper un ennemi vivant ou mort, ou de le tuer en le frappant. Quand dans une bataille on tire et qu’un ennemi tombe, tous se précipitent à qui arrivera le premier pour le frapper : peu importe quel est celui qui le tue. La gloire est pour celui qui arrive le premier ; un second et un troisième peuvent frapper à leur tour, mais leur gloire est moindre.