Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/155

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» La troisième condition, c’est d’enlever à l’ennemi son fusil ou son arc. Ainsi quand un guerrier frappe un ennemi et lui prend son fusil ou son arc, il a deux chances pour devenir chef. Et quand quelqu’un a rempli ces trois conditions, il est déjà considéré comme chef, mais pas complètement.

» La quatrième condition qui donne au chef la dernière consécration, c’est de pénétrer la nuit dans un camp ennemi, de couper la corde du cheval le plus rapproché d’une tente, de sauter sur ce cheval et de fuir en emportant la corde.

» Quand un Indien réunit ces quatre conditions, il est chef, et le suit qui veut. S’il a le cœur bon, un grand nombre de familles le suivront et obéiront à ses ordres.  » Quand l’Indien eut fini de parler, je lui posai cette question : «  Tout à l’heure tu disais que les jeunes guerriers offrent au soleil une phalange de leur doigt  ; je désirerais savoir comment cela se passe.  »

Et l’Indien répondit : «  Voici : d’abord ils se coupent une phalange du doigt, et cette opération se fait de deux façons. La première, c’est de placer le doigt sur un morceau de bois et de faire sauter la phalange d’un coup de couteau. La seconde, c’est de se mettre l’extrémité du doigt dans la bouche et de faire passer le couteau autour de l’articulation jusqu’à ce que le morceau tombe. Ensuite ils vont chercher dans la prairie de la fiente sèche de buffalo, placent dessus la phalange et l’offrent ainsi au soleil.  » En l’entendant, je me disais en moi-même : comme le diable se moque de ses adorateurs et tourne en ridicule les sacrifices qu’on lui offre  !