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un Indien. Plusieurs guerriers couchèrent aussitôt en joue le docteur pour le tuer, mais les chefs les en empêchèrent. J’allai voir le blessé qui mourut trois jours après. Quant au docteur, il détala au plus vite.

La loge construite, on y expose les offrandes que les Pieds-Noirs veulent faire au soleil : des bandes de calicot, des mouchoirs, des chemises, des ornements sauvages et quantité d’autres objets. La loge de médecine s’élève au milieu ; tout autour s’étend une esplanade de cent mètres de rayon ; en dehors de cette place circulaire se dressent toutes les autres tentes, actuellement encore au nombre de 400, mais autrefois beaucoup plus nombreuses ; l’ensemble offre un spectacle vraiment pittoresque.

En 1882, me trouvant là, je dis au chef nommé « Peint-en-Rouge » de faire dresser une tente dans le grand cercle voisin de la loge de médecine, parce que j’y voulais dire la messe le dimanche suivant. La loge fut dressée et j’y célébrai la messe. Tous les Pieds-Noirs baptisés vinrent y assister, et comme il n’y avait pas de place pour tout le monde, on laissa la loge ouverte par devant et tous furent enchantés. Mon intention était de substituer les rites catholiques aux rites païens dont les principaux sont : la distribution des langues, des prières, des danses religieuses et les confessions publiques. Ces confessions sont juste l’opposé des nôtres : elles ressemblent à celle du Pharisien. Les prêtresses se présentent d’abord au public et jurent en face du soleil qu’elles ont toujours été fidèles à leurs maris ; si elles mentent ou se parjurent, elles mourront bientôt ou il éclatera soudain une violente tempête. Puis les grands chefs et les guerriers viennent l’un après l’autre faire leur confession publique ; chacun énumère ses glorieux exploits, c’est-à-dire combien d’ennemis il a tués, combien de chevaux il a volés, provo-