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la santé, elle fera la « loge de médecine » en son honneur. Si l’homme guérit, on fait savoir à toute la tribu que sa femme fera « la loge de médecine », dont elle sera la prêtresse ; et s’il y a eu plusieurs vœux, il y a autant de prêtresses que de vœux.

La saison choisie est toujours l’été, parce qu’on peut dresser un grand nombre de tentes ensemble, et qu’on n’a besoin ni de bois ni de foin. Toute la tribu doit y assister, et jamais jusqu’à ce jour elle n’y a manqué. Beaucoup croient à l’efficacité de ces sacrifices ; d’autres s’en moquent, spécialement la jeunesse, mais tous y accourent comme à une foire pour voir leurs amis, jouer, prendre l’art aux courses de chevaux, danser, faire de bons repas et se donner, comme ils disent, du bon temps. Autrefois il fallait plusieurs mois pour réunir la tribu, qui se composait de petites bandes dispersées dans d’immenses prairies ou de vastes déserts. Le lieu du rendez-vous fixé, on envoyait aux divers chefs de bandes des messagers avec des feuilles de tabac pour les inviter à se rendre au plus vite à la « loge de médecine ». On préparait aussi un grand nombre de langues de buffalo, lesquelles cuites et consacrées par les prêtresses, devaient ensuite être distribuées par petits morceaux à chaque membre de la tribu.

Les jeunes gens apportaient des arbustes et avec toute espèce de cérémonie construisaient une grande loge pour la célébration des superstitions ou médecines : de là le nom de « loge de médecine ».

Au moment où on dressait la perche du milieu, on liait à son sommet un bouquet de verdure sur lequel les Indiens déchargeaient leur fusil comme sur une cible.

Il y a quelques années, le docteur de l’Agence s’était joint aux Indiens pour cette cérémonie, mais un écart de son cheval ombrageux fit dévier la balle qui alla frapper