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CHAPITRE I

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LE VOYAGE


Le 20 septembre 1902, je prenais à Paris, gare Saint-Lazare, l’express de Cherbourg, où dès notre arrivée on nous transborda sur le « Saint-Louis », mouillé en rade. Le « Saint-Louis », est un bateau américain, frère du « Saint-Paul », assez bon marcheur, mais cependant quelque peu vieilli. Il était bondé de voyageurs, tous ou presque tous citoyens de la libre Amérique, retournant dans leur pays après avoir joui des plaisirs que leur offrent nos villes d’Europe, surtout Paris, qu’ils appellent la « Babylone moderne », — « Babylone, » si vous voulez, MM. les Américains, mais trop souvent « Babylone » par vos propres faits et gestes !

J’ai à peine mis le pied sur le bateau, que je me trouve en pleine civilisation yankee. Ce qui me frappe tout d’abord à la salle à manger, c’est l’usage immodéré de l’eau glacée (ice-water) : à table on ne sert aucune autre boisson, et si vous voulez un verre de bière ou de vin, vous êtes obligé de le faire venir directement de la buvette. Le menu me paraît plus abondant que choisi ; je n’y trouve rien qui rappelle la cuisine française. À la fin du repas, bien entendu l’inévitable « cake » (gâteau), accompagné de l’inévitable « sorbet » (ice-cream). Encore la glace sous une autre forme ! Décidément aux Américains, comme aux anciens Romains, Sénèque pourrait