Aller au contenu

Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Napi à y entrer. Le chef des rats organisa aussitôt un bal qui devait durer toute la nuit, et celui qui s’endormirait aurait les cheveux rasés. Au milieu du bal, le Napi s’endormit et les rats lui rasèrent la tête et s’enfuirent. Le lendemain matin, le Napi s’étant réveillé mit dehors les jambes et le buste, mais il ne put sortir la tête. Il se leva la tête prise dans le crâne du cerf aux longues cornes, et ainsi affublé, il parcourut le pays.

Les chasseurs le prenant pour un cerf l’entourèrent, mais s’apercevant de leur erreur, ils l’empoignèrent par les cornes et lui demandèrent qui il était. N’obtenant aucune réponse, ils brisèrent le crâne avec une pierre et reconnurent le Napi.

On trouve ici un arbuste épineux avec de petites baies rouges que les sauvages recueillent et font sécher. Pour éviter de se piquer les doigts aux épines, ils frappent les branches avec un bâton et ramassent les fruits tombés par terre. Ils expliquent l’origine de ces épines par l’histoire suivante.

Un jour, accablé de fatigue, le Napi se reposait couché sur la rive d’un fleuve. Les eaux étaient calmes et limpides. Croyant voir des fruits rouges dans l’eau, il sauta dans la rivière pour les prendre, et ne trouvant rien il regagna le bord, s’attacha des pierres aux mains, aux pieds, au cou et sauta une seconde fois dans l’eau pour aller jusqu’au fond où il croyait trouver les fruits. Mais il ne trouva rien et but tant d’eau que, sur le point de se noyer, il n’eut que le temps de détacher les pierres et regagna la rive à moitié mort. Là, couché sur le dos, il ouvrit les yeux et s’aperçut que les fruits, au lieu d’être dans la rivière, étaient sur les arbustes. Dans sa colère, il prit un bâton, en frappa les branches qui se couvrirent d’épines. « Désormais, dit-il, pour recueillir ces fruits,