Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/211

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sa volonté ; et ainsi, la pauvrette, pour ne pas mourir sous les coups, se rendait malgré elle à la maison de son futur époux.

Souvent le jeune brave allait tuer quelques ennemis ou voler des chevaux ; s’il réussissait, devenu plus célèbre encore, il pouvait acheter d’autres femmes qui lui servaient d’esclaves et qu’il avait le droit de maltraiter et même de tuer, dès qu’elles cessaient de lui plaire. Nourriture, vêtement, habitation, tout respirait la barbarie. Les Cœurs d’Alêne ne cultivaient pas les champs, ne bâtissaient point de maisons, n’avaient point de demeures stables ; ils menaient une vie errante, vivant de chasse, de pêche et de racines sauvages. Grâce à leur paresse et à leur imprévoyance, ils se trouvaient souvent dans la plus extrême pénurie, surtout au printemps, lorsque la neige et la glace leur rendaient impossibles la pêche et la récolte des racines sauvages dans les forêts.

Un Indien se rappelant ces temps malheureux disait au missionnaire : « Robe Noire, combien nous vous devons être reconnaissants ! Dans ma jeunesse, ma mère et ma grand’mère étaient obligées en hiver d’enlever la neige de la prairie pour arracher quelques racines de « gamascie » pour apaiser leur faim ; et maintenant mon grenier est toujours plein d’une année à l’autre. »

Une tente en peau de buffalo (bison) leur servait de demeure, où ils dormaient pêle-mêle sur des peaux étendues par terre. Ceux qui étaient plus à l’aise, pour mieux se garantir du froid, recouvraient leurs tentes de nattes ; pour vêtements, ils ne portaient que des peaux de cerf ou de buffalo.

Les femmes devaient non seulement recueillir les racines qui leur servaient d’aliment, mais encore abattre les arbres, fendre le bois et le porter à la tente, ce qui